Quantcast
Channel: histoire culturelle – Mémoires d'Indochine
Viewing all articles
Browse latest Browse all 17

ROBSON, Kathryn & YEE, Jennifer (eds.), France and “Indochina”. CR de lecture par Marine Chuberre

$
0
0

Compte-rendu de lecture : ROBSON, Kathryn & YEE, Jennifer (eds.), France and “Indochina”. Cultural Representations, Oxford, Lexington Books, 2005.

Dans son œuvre, la romancière Léonora Miano présente l’impossibilité de se défaire de la colonisation sans se pencher sur la question des fantasmes et des imaginaires qu’elle a véhiculée. Elle s’inscrit ainsi dans la lignée des réflexions de Aimé Césaire dans son Discours sur le colonialisme et de Frantz Fanon, dans Les damnés de la terre et Peau noire, masques blancs.1

L’ouvrage France and “Indochina”. Cultural representations, publié en 20052 par les deux chercheuses anglophones Kathryn Robson3 et Jennifer Yee4, propose d’explorer et d’analyser les continuités culturelles héritées de la colonisation française, à travers une approche inscrite dans les cultural studies et les études postcoloniales5. Au fil des articles rassemblés dans cet ouvrage, la notion qui apparaît en filigrane est donc celle des représentations de multiples thématiques transversales au fait colonial6, qui sont annoncées dès le préambule par Panivong Norindr7 et qui mêlent la question des relations de pouvoir pendant la colonisation, de l’expérience traumatique de la guerre et des capacités de résilience de la population8. Ces thématiques sont analysées au prisme des œuvres littéraires, cinématographiques, artistiques et des récits des populations, mémoires et archives historiques – textes ou photographies.

Alors que la précédente génération d’écrivains français avait tendance à s’inscrire dans une tradition littéraire caractérisée par un « sentimentalisme impulsif omniprésent dans la fiction et les romans d’acculturation »9, les auteurs de l’ouvrage souhaitent mettre en avant des œuvres proposant « une vision plus nuancée de l’image stéréotypée de la relation ambivalente qui lie la France et l’Indochine »10. Un des points de départ de France and “Indochina” est de considérer l’impérialisme français en Indochine comme « le produit d’un état d’esprit particulier qui doit être situé aussi bien historiquement que culturellement : l’impérialisme scientifique, la « mission civilisatrice » et l’industrialisation [allant] de pair avec l’idéologie républicaine et les ambitions de la France en tant que « Grande Puissance » sur la scène mondiale. »11 En ce sens, il est particulièrement dommage que l’ouvrage n’ait pas encore été traduit en langue française. A ce titre, les représentations culturelles sont doubles : elles désignent d’une part le point de vue des Français sur l’Indochine – qualifié « d’imaginaire français » dans l’article de Penny Edwards ou de « fantasmatique coloniale »12 par Panivong Norindr, et d’autre part la manière dont « la France a été représentée en Indochine même et par [les] personnes qui ont vécu ou visité la France »13. La contextualisation du terme même d’« Indochine » est un point particulièrement important afin d’appréhender cette démarche, dans la mesure où il semble revêtir une toute autre dimension en anglais. Les deux autrices font ainsi part du débat relatif à l’utilisation de ce terme dans le champ de l’histoire culturelle14 et font part de leur définition de « Indochine » comme le « produit de l’impérialisme français »15, aux ressorts économiques, politiques et culturels complexes.

Dans la lignée de Spivak et des subaltern studies16, ce recueil d’articles participe à faire émerger des voix, des regards et des perspectives trop souvent tues ou ignorées quand il s’agit de considérer les relations entre la France et l’« Indochine ». Une des questions qui se pose à la lecture de cet ouvrage est donc celle de la relation que la France a entretenue et entretient aujourd’hui avec l’Indochine, et des représentations culturelles qui découlent de ces relations, à plusieurs échelles, temporalités et prismes d’analyse. Il s’agit en effet de se demander ce que ces représentations culturelles nous disent de la France de cette époque et d’aujourd’hui. Comment la façon dont la France perçoit « l’Indochine » nous renseigne sur sa façon de se représenter dans le monde ? Aussi, il s’agira de considérer dans un premier temps la multiplicité des acteurs et des échelles considérées par cet ouvrage, signe de la richesse d’analyse qu’il apporte pour aborder le fait colonial, pour ensuite considérer les diverses thématiques abordées à travers le découpage éditorial choisi par Robson et Yee.

Les acteurs coloniaux sont présentés dans leur pluralité, en évoquant à la fois les fervents soutiens et pourfendeurs du colonialisme en métropole, les administrateurs coloniaux et colons français, les populations colonisées et leurs multiples positions vis-à-vis de la colonisation française, et aujourd’hui la diversité des populations d’anciens pays colonisés dans leur rapport à la France, en France ou au Laos, au Cambodge et au Vietnam. Par exemple, de nombreux articles mentionnent les cinéastes et artistes Linda Lê17, Lâm Lê18, Trân Anh Hung19 et Rithy Panh20, sous le prisme des images de « l’Indochine » véhiculées dans leurs œuvres. Ou encore, la population chinoise présente dans le quartier de Saigon, Cholon, et sa place dans la société coloniale, est analysée par Julia Waters à travers une discussion de l’œuvre littéraire de Marguerite Duras, et notamment de L’Amant (1984) et L’Amant de la Chine du Nord (1991).21

De multiples espaces et temporalités sont étudiés à travers France and “Indochina”, qui propose une histoire connectée et vivante et une analyse des manifestations actuelles et passées du colonialisme22 Par exemple, Christopher Robinson23 mêle échelle locale et nationale en étudiant le rôle des chemins de fer dans la construction de l’identité nationale vietnamienne. Pour l’auteur, c’est également une occasion pour présenter les différentes attitudes de la population vietnamienne vis-à-vis de la colonisation : position critique, de collaboration ou de résignation en étudiant comment la confrontation de différentes populations dans le train cristallise les tensions sociales, économiques, raciales et politiques.  Pour ce qui est d’une échelle plus globale, Penny Edwards24 évoque, par exemple, l’importance du contexte de compétition coloniale entre la France et la Grande-Bretagne au sujet de l’Inde pour comprendre la place centrale qu’occupe Angkor dans la construction de l’Empire coloniale français, et l’insistance de l’administration coloniale sur la grandeur d’Angkor et sur ses racines culturelles indiennes. Penny Edwards souligne comment la façon dont sont représenté les temples d’Angkor dans la propagande coloniale a participé à la diffusion d’une conception stéréotypée et fantasmée de Angkor et de son histoire, qui a par exemple eut un impact significatif sur la production académique et sur les représentations qu’une partie de la population cambodgienne s’est faite de sa propre histoire.

Au-delà de son apport particulièrement détaillé dans l’appréhension des multiples facettes de la colonisation française en Indochine, cet ouvrage permet de mettre en lumière les principaux mécanismes à l’œuvre dans l’Empire colonial français en abordant six thématiques phares du projet colonial. Dans la première section, la question des monuments et des mémoires permet notamment de questionner la représentation que la France a d’elle-même, qu’elle souhaite projeter et de la façon dont elle conçoit les particularités historiques et culturelles des populations colonisées. Eric T. Jennings25 parle ainsi de « méta-narration » de l’Indochine dans le paysage culturel et mémoriel français, qui « présente une seule histoire de la France et de l’Indochine, perçue comme éternellement liée par les liens coloniaux »26 quand il évoque la mémorialisation des tirailleurs indochinois.

Les réseaux de transports et de communication sont quant à eux une façon d’interroger les représentations spatio-temporelles véhiculée par l’administration coloniale, les colons et les populations colonisées.27 Les deux articles de cette section considèrent que les transports étaient un support particulièrement privilégié de critique et de contestation de la colonisation, notamment dans les années 1930 au Vietnam28, en remettant notamment en question les bienfaits supposés du mouvement et de la vitesse apportés par le ‘progrès technique’.29

La thématique des maladies tropicales et de l’anxiété qu’elle suscite parmi la population des colons français est une occasion pour Cooper30 et Vann31 d’interroger leur rapport à la mort et à leur vulnérabilité en tant qu’humains, qui montre selon eux tout le paradoxe du projet colonial, s’affirmant comme puissant et fort mais refusant toute expression de vulnérabilité et d’anxiété (« cafard colonial »).

La quatrième partie traite notamment de la place et du rôle des femmes, colonisées et blanches, dans l’Empire colonial, en considérant les représentations littéraires, photographiques et cinématographiques sous le prisme du genre32, de la classe33 et de la notion de modernité.34 Enfin, les deux dernières sections proposent une analyse des écrits et films traitant de la colonisation et de ses prolongements dans le temps avec les guerres d’Indochine et la décolonisation.

Ainsi, chaque chapitre de cet ouvrage discute et met en exergue les complexités des différentes strates des représentations culturelles, à travers une analyse du langage et des idées et conceptions véhiculées par des supports visuels, textuels ou sonores. C’est là tout l’intérêt d’une démarche guidée par les cultural studies, que de mettre en lumière les ressorts culturels et symboliques de la colonisation, qui amène une discussion des intrications entre les enjeux de pouvoir, d’identité, de modernité et de progrès, intrinsèques au projet colonial impérialiste. Cette approche fondée sur les cultural studies fait d’ailleurs toute la richesse et la complexité de cet ouvrage, sa lecture nécessitant de porter une attention toute particulière aux imbrications, aux superpositions et aux antagonismes inhérents au projet colonial, préférant une présentation complexe et détaillée plutôt qu’une approche cohérente et organisée. Par exemple, de multiples auteurs évoquent la prégnance des questions d’anxiété et d’incertitude caractéristique de la période de transition que furent les années 1930 au Vietnam. C’est notamment le cas de Judith Henchy35 et de David Del Testa36, dont les considérations permettent à l’ouvrage de mener une analyse commune sur les effets d’un tel contexte historique en termes de vulnérabilité, signifiant par la même les contradictions qui animèrent les multiples sociétés englobées par les enjeux liés au colonialisme français.

Marine Chuberre, promotion ASIOC 2020-2021.


Références

Brocheux, Pierre, et Daniel Hémery, Indochine, la colonisation ambiguë, Paris, La Découverte, 2001.

Césaire, Aimé, Discours sur le colonialisme; suivi de Discours sur la négritude, Paris, Présence africaine, 1955.

Cooper, Nicola, France in Indochina. Colonial Encounters, Oxford, Berg, 2001.

Fanon, Franz, Les damnés de la terre, A verba futuroruM, 2016.

Fanon, Frantz, Peau noire, masques blancs, Paris, Le Seuil, 2015.

Laurent, Sylvie. « Le ‘tiers-espace’ de Léonora Miano romancière afropéenne », Cahiers d’études africaines, 204 (2011): 769-810.

Norindr, Panivong. « Phantasmatic Indochina: French Colonial Ideology in Architecture Film and Literature. » (1996).

Robson, Kathryn, and Jennifer Yee, eds., France and Indochina: Cultural Representations, Lexington Books, Vol. 108, 2005.

Marine Chuberre est étudiante en Master 2 Asie orientale contemporaine à l’ENS de Lyon et à Sciences Po Lyon, après un Master 1 en Politique internationale à Sciences Po Bordeaux. Elle rédige actuellement un mémoire sur la question des droits humains dans les négociations entre l’Union européenne et le Cambodge. Elle a réalisé un stage de recherche à l’EFEO de Bangkok en 2018 et a participé à un programme de recherche au Centre d’Etudes Khmères de Siem Reap en 2019.

Illustration : Minh Hoang, « Le jardin de Tante n°5 », 2017.


Notes

  1. Laurent, Sylvie, « Le ‘tiers-espace’ de Léonora Miano romancière afropéenne », Cahiers d’études africaines, 204 (2011), p. 769-810, voir en particulier p. 8, 15 et 25. URL : http://journals.openedition.org/etudesafricaines/16857 ; consulté le 25/11/2020.
  2. Comme annoncé dans les premières pages de l’ouvrage (p. xiii), les chapitres rassemblés ont été produits et présentés dans le cadre d’une conférence qui s’est tenue en Septembre 2003 à l’université de Newcastle (GB), intitulée : « Indochina, India and France : Cultural Representations ». L’organisation de cette conférence s’est faite en partenariat avec l’Institut français, la Society for French Studies, la Society for Francophone Postcolonial Studies et le fond de recherche de l’université de Newcastle, intitulé ‘the Arts and Humanities Research Fund », qui ont apporté leur assistance financière.
  3. Kathryn Robson est professeure de littérature britannique à l’université de Newcastle, elle est membre de la Society for French Studies. L’écriture des femmes françaises contemporaines et notamment les questions de traumatisme, violence sexuelle et d’empathie sont au cœur de ses travaux de recherche Newcastle University, https://www.ncl.ac.uk/sml/staff/profile/kathrynrobson.html#background (consulté le 25/11/2020).
  4. Jennifer Yee est une chercheuse australienne de l’university d’Oxford, en littérature moderne. Elle étudie notamment l’écriture coloniale et « exotique » et l’écriture francophone du XXe siècle. Elle a par exemple publié un ouvrage intitulé : Exotic Subversions in Nineteenth-Century French Fiction (Oxford: Legenda, 2008) ; Christ Church, Oxford University, https://www.chch.ox.ac.uk/staff/professor-jennifer-yee (consulté le 25/11/2020) ; Éditions Harmattan, https://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=auteurs&obj=artiste&no=4353 (consulté le 25/11/2020)
  5. Robson & Yee, France and “Indochina”. Cultural Representations, p. 3.
  6. Deux ouvrages traitant de thématiques similaires ont été publié antérieurement : Brocheux, Pierre, and Daniel Hémery. Indochine, la colonisation ambiguë. La découverte, 2001 ; Cooper, Nicola. « France in Indochina. Colonial Encounters, Berg. » (2001)
  7. Le professeur associé Panivong Norindr était d’ailleurs membre du comité consultatif de la conférence en 2003. Ses thèmes de recherche de prédilection sont la théorie postcoloniale, les film et cultural studies et l’analyse des films et littérature en Indochine. Il a d’ailleurs publié un ouvrage s’inscrivant dans le champ des cultural studies en 1996, intitulé « Phantasmatic Indochina: French Colonial Ideology in Architecture Film and Literature » ; USC Dornsife, https://dornsife.usc.edu/cf/faculty-and-staff/faculty.cfm?pid=1003578 (consulté le 25/11/2020)
  8. Norindr, France and “Indochina”. Cultural Representations, p. xv
  9. Norindr, France and “Indochina”. Cultural Representations, p. xv. (“sentimalizing impulse pervasive in the fiction and novels of acculturation of the previous generation of writers”).
  10. Norindr, France and “Indochina”. Cultural Representations, p. xvi. (“an alternative and more nuanced view of the stereotypical image of the ambivalent relation linking France and Indochina”)
  11. Robson & Yee, France and “Indochina”. Cultural Representations, p. 3. (“French imperialism in Indochina was the product of a particular mindset that must be located historically as well as culturally: scientific imperialism, the “mission civilisatrice” and industrialization” went hand in hand with France’s Republican ideology and ambitions as a “Great Power” on the global stage.”)
  12. « Fantasme colonial : réalité idéologique à travers laquelle les fantasmes coloniaux comme support du désir ont émergé, ont fonctionné et se sont manifestés » (Norindr, 1996)
  13. Robson & Yee, France and “Indochina”. Cultural Representations, p. 3. (“cultural representations are (at least) double: not only implying French views on Indochina, but also the way in which France has been portrayed within Indochina itself and by those people who lived in or visited France.”)
  14. « Il est communément admis [dans cette discipline issue des cultural studies] que le terme ‘Indochine’ est une « construction artificielle », une « fiction élaborée », [pour reprendre les termes de Nicola Cooper]. D’autres historiens plus traditionnels tels que Pierre Brocheux et Daniel Hémery réfutent cette idée : « L’Indochine française, loin d’être artificielle, est le résultat non seulement du processus des événements et du choc des initiatives adverses, mais aussi de l’application d’un programme planifié à l’avance. » » Robson & Yee, France and “Indochina”. Cultural Representations, p. 1. (““Indochina” is now often seen as an “artificial construction,” an “elaborate fiction.” More traditional historians such as Pierre Brocheux and Daniel Hémery, however, react against this idea: “French Indochina, far from being artificial, was the result not only of the process of events and the shock of opposing initiatives but the application of a program mapped out in advance.””
  15. Robson & Yee, France and “Indochina”. Cultural Representations, p. 1 (“the unity of Indochina was product of French imperialism”).
  16. Robson & Yee, France and “Indochina”. Cultural Representations, p. 3
  17. Tess, Do. « From Incest to Exile: Linda Le and the Incestuous Vietnamese Immigrants. » France and » Indochina »: Cultural Representations (2005): 165-179 ; Winston, Jane. « Playing Hardball: Linda Lê’s Trois Parques. » France and’Indochina’: Cultural Representations (2005): 193-206
  18. Tarr, Carrie. « Trần Anh Hùng as Diasporic Filmmaker. » France and ‘Indochina’: Cultural Representations (2005): 153-164
  19. Tarr, Carrie. « Trần Anh Hùng as Diasporic Filmmaker. » France and ‘Indochina’: Cultural Representations (2005): 153-164
  20. Norindr, France and “Indochina”. Cultural Representations, p. xvi
  21. Waters, Julia. « Cholen, la capitale chinoise de l’Indochine francaise »: rereading Marguerite Duras’s (Indo) Chinese space. » France and ‘Indochina’: Cultural Representations (2005): 179-191.
  22. « Ce volume concerne les représentations ou les cadres à travers lesquels les relations franco-indochinoises ont été comprises dans la période moderne, de la fin du XIXe siècle à nos jours, période qui comprend l’apogée du colonialisme, la décolonisation et les nouvelles relations post-coloniales qui se sont mises en place depuis lors » (En version originale : “This volume concerns the representations or frames through which Franco-Indochinese relations were understood in the modern period, from the late nineteenth century to the present day, a period which includes the heyday of colonialism, decolonization, and the new post-colonial relations that have fallen into place since then.”)
  23. Robinson, Christopher.  » Lines of Communication: Thematics of Direction and Strategies of Narration in Colonial Indochina. » France and “Indochina”: Cultural Representations (2005): 49-62
  24. Edwards, Penny. « Taj Angkor: Enshrining l’Inde in le Cambodge. » France and “Indochina”: Cultural Representations (2005): 14-16.
  25. Jennings, Eric T. « Representing Indochinese Sacrifice: The Temple du Souvenir Indochinois of Nogent-sur-Marne. » France and » Indochina »: Cultural Representations (2005): 29-47
  26. Jennings, France and » Indochina »: Cultural Representations, p. 43.
  27. Robinson, Christopher.  » Lines of Communication: Thematics of Direction and Strategies of Narration in Colonial Indochina. » France and “Indochina”: Cultural Representations (2005): 49-62.
  28. Del Testa, David. « Automobiles and Anomie in French Colonial Indochina. » France and “Indochina”: Cultural Representations (2005): 63-77
  29. Henchy, Judith. « Vietnamese new women and the fashioning of modernity. » France and “Indochina”: Cultural Representations (2005): 121-138.
  30. Cooper, Nicola. « Disturbing the Colonial Order: Dystopia and Disillusionment in Colonial Indochina. » France and Indochina: Cultural Representations (2005) : 79-94
  31. Vann, Michael. « Of Le Cafard and Other Tropical Threats: Disease and White Colonial Culture in Indochina. » France and “Indochina”: Cultural Representations (2005): 95-106
  32. Chiu, Lily V. « Camille’s Breasts: The Evolution of the Fantasy Native in Régis Wargnier’s Indochine. » France and “Indochina”: Cultural Representations. After the empire (2005): 139-152
  33. Ha, Marie Paule. « French Women and the Empire. » France and Indochina: Cultural Representations (2005) : 107-120
  34. Henchy, Judith. « Vietnamese new women and the fashioning of modernity. » France and Indochina: Cultural Representations (2005) : 121-138.
  35. Ibid. 
  36. Del Testa, David. « Automobiles and Anomie in French Colonial Indochina. » France and “Indochina”: Cultural Representations (2005): 63-77

Viewing all articles
Browse latest Browse all 17

Latest Images





Latest Images